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Ce qui est bien au mois de Juin, c’est que les sorties DVD permettent enfin de rattraper légalement les films qu’on avait raté au début de l’année. C’est à présent chose faite avec « The Master » de Paul Thomas Anderson sorti le 6 janvier 2013 dans notre magnifique pays. Alors, je dois avant tout confesser un de mes rares défauts, avant aujourd’hui, je n’avais vu aucun film de ce réalisateur, et son nom n’était parvenu à mes oreilles que par de lointains ragots, et donc c’est par une déception que j’engage mon aventure dans son univers.

Freddie Quell, ancien Marine est démobilisé à la fin de la guerre. Incapable de se réintégrer dans la société, il sombre dans l’alcoolisme, passe de petit métier à petit métier et peine à réprimer de terribles accès de violence. C’est ainsi qu’il rencontre par hasard, lors d’une nuit de beuverie, Lancaster Todd, idéologue ambitieux à la tête d’un mouvement sectaire qui va alors embrigader Quell dans son mouvement.

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Commençons par les bons points, là ou le film impressionne, c’est au niveau des acteurs. Joaquin Phoenix livre tout bonnement une des meilleures performances de sa vie. Passant en un clin d’oeil du mysticisme à la violence, de la colère à l’ivresse, il livre une des meilleures incarnations de la fragilité mentale qu’il m’ai été donné de voir. Philip Seymour Hoffman lui, parvient à rendre sympathique un personnage totalement schizophrène, entre bonhomie bienveillante et furie angoissante.

La réalisation est l’autre point fort du film. Maîtrisant parfaitement l’ensemble de la production, Anderson impressionne. Une photographie impressionnante de beauté met ici parfaitement en valeur la beauté des paysages américains. Il n’est pas rare d’apercevoir le Terrence Malick de « La Ballade Sauvage » à la faveur de certains plans larges d’un lyrisme rare.

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Alors pourquoi, POURQUOI, sacrifier ces nombreuses et indéniables qualités sur l’autel d’un scénario indigent? Si la première heure convainc et contient son lot de scènes intenses (la première « thérapie » subie par Quinn..), l’histoire s’affaiblit à une vitesse exponentielle pour, dans la dernière partie, se révéler fantasque et incapable de tenir le spectateur en éveil. On s’ennuie ferme, et un sentiment de gâchis s’insuffle en nous dès l’apparition du générique de fin. En effet, plusieurs ouvertures narratives restent inabouties, certaines scènes demeurent  totalement incompréhensibles (si quelqu’un sait pourquoi Joaquin Phoenix passe 30mn à courir dans des murs, qu’il m’envoie un mail) et la femme de Lancaster Todd, antagoniste anecdotique, reste tout de même sous-exploitée.

Alors oui, Paul Thomas Anderson est un bon réalisateur, il n’est pas dur de s’en rendre compte. Mais la mise en scène ne fait pas le film (sauf exception), et qualifier The Master de réussite totale serait exagérer. Reste deux interprétations monstrueuses, modèles d’incarnations viscérales.
M.Merde.

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